L’usine Hexion

L’usine Hexion

Nous connaissons tous le latex. Ce que nous savons moins, c’est que ce matériau élastique entre dans la composition d’une très grande quantité de produits courants. Le latex existe soit sous forme naturelle, à partir de la sève de l’hévéa, soit sous des formes synthétiques grâce à la chimie. L’usine Hexion de Ribécourt-Dreslincourt conçoit et produit celui qui est utilisé par l’industrie du bâtiment. Son Directeur, Uwe Wustmann, a accepté de nous expliquer ce que l’on y fait et comment.

Si l’histoire du pôle chimique de Ribécourt-Dreslincourt remonte à plus de 50 ans, certains bâtiments existent depuis 1924 ! Créé par Rhône-Poulenc, le site est séparé dans les années 90 en deux groupes : INEOS STYRENICS pour le polystyrène (voire reportage en 2014) et RHODIA pour le latex. RHODIA est devenu par la suite HEXION. Si les deux usines partagent quelques éléments en commun, ce sont aujourd’hui deux sites bien distincts appartenant à des groupes différents. L’usine HEXION de Ribécourt-Dreslincourt fait partie d’un groupe international américain. Elle emploie 120 personnes et c’est l’un des quatre sites de production du groupe en Europe. L’usine abrite un centre de recherche et le pôle de production réparti sur plus de 40 hectares. Sa spécialité est la production de latex, liquide ou poudre, pour des usages industriels essentiellement dans le bâtiment.

Le latex est partout !

Le latex est un produit quasiment indispensable tant ses propriétés conviennent dans de nombreux secteurs. En effet, c’est un matériau collant, flexible, résistant et sa capacité d’étirement est très appréciée. Initialement conçus pour l’industrie du caoutchouc, les latex synthétiques sont progressivement devenus omniprésents dans notre vie quotidienne. Dans le bâtiment, on retrouve le latex liquide dans les peintures, les colles, les adhésifs et les revêtements de sols synthétiques. Sous sa forme de poudre, il est utilisé comme additif pour les ciments et les mortiers. Dans tous les cas, il agit comme une colle et sert de liant entre les différents composants du produit fini.  

50 000 tonnes sortent de l’usine chaque année

Le latex synthétique est un produit dont les spécificités sont connues depuis longtemps. C’est pourquoi, l’usine de Ribécourt-Dreslincourt doit faire face à deux contraintes. La première est que sa production dépend du marché du bâtiment. Or, avec la crise économique, celui-ci est en fort repli. La seconde est qu’il s’agit d’un marché fortement concurrentiel. Les produits sont expédiés aux clients dans un rayon d’environ 500 km. Au-delà, les frais liés au transport deviennent trop élevés. En 2010, le groupe HEXION a fait le choix de regrouper ses activités au sein d’une même usine. Le site de Ribécourt-Dreslincourt a donc bénéficié d’investissements avec la création d’une nouvelle tour de séchage de grande capacité et la création d’une ligne d’ensachage. Autrefois situées en Seine-Maritime, les activités de conditionnement et d’expédition de poudre sont désormais prises en charge directement sur l’usine. Chaque année, environ 50 000 tonnes de latex sortent de l’usine. Elles sont expédiées soit en big-bag ou en sac, soit dans des conteneurs ou directement dans les cuves des camions.

Un véritable politique environnementale

vue globale du bassin de retraitement de l'eau et de l'usine HexionPour produire le latex, HEXION a notamment besoin de styrène, d’acétate de vinyle et de versatate de vinyle. C’est la présence de ces produits qui vaut à l’usine son classement SEVESO. Seuls les produits qui entrent sur le site présentent des risques. Le latex qui en sort est inerte. C’est pourquoi, l’usine Hexion a été particulièrement attachée et impliquée dans la création de la desserte industrielle. Quand on se trouve à l’entrée de l’usine, et au passage de plusieurs dizaines de poids lourds, on comprend parfaitement l’intérêt d’avoir dévié le trafic routier sur la périphérie de la ville. Lors de la visite, Aurore Luce, Responsable Hygiène Sécurité Environnement (HSE), nous a décrit la démarche dans laquelle s’inscrit le groupe. De manière générale, le but est d’améliorer continuellement la protection de la santé, la sécurité et la performance environnementale. En l’espace d’une quinzaine d’année, la présence de Composants Organiques Volatiles (COV) a été réduite de plus de 110 tonnes (en 1997) à moins de 20 tonnes ! Le travail sur la gestion de l’eau est également très important. Car, il faut savoir que l’eau est présente partout dans le procédé de fabrication du latex. L’usine prélève donc de l’eau dans le canal et dans la nappe phréatique. Elle en rejette également dans le canal, mais celle-ci fait l’objet d’un traitement drastique. Il y a quelques années, Hexion a ainsi investi dans un nouveau traitement biologique des eaux usées. L’eau qui sort de l’usine est aujourd’hui plus propre que celle qui y entre ! Si le monde de la chimie souffre parfois d’une image qu’elle avait jusque dans les années 1980, les efforts entrepris portent aujourd’hui leurs fruits.

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